Atelier PROSPER 2012 "Regards sur les performances des exercices de prospective : Application aux scénarios énergétiques" - 5 juillet 2012
La question énergétique est au cœur des réflexions sur l'avenir de nos sociétés. Les tensions croissantes sur les ressources fossiles, couplées à l'impact climatique de leur combustion, conduisent à la nécessité d'une "transition énergétique" à toutes les échelles. Chacun se sent concerné et, dans les débats qui sont ouverts, chacun y va de son scénario, qui montre la justesse de son point de vue. Mais quelle est la solidité des arguments de prospective mis en avant ? Comment réduire la perplexité des décideurs face à des affirmations prospectives contradictoires ?
C'est à cette question des performances réelles de la prospective dans le champ énergétique, de sa crédibilité et de sa capacité à éclairer correctement le débat et la décision publics, que l'Atelier PROSPER du 5 juillet 2012 s'intéresse. Plus précisément, il s'agit d'évaluer, en partant d'un certain nombre d'exemples concrets, la capacité des travaux de prospective à assurer la fonction qui est la leur, et de formuler –le cas échéant– des recommandations visant à améliorer cette capacité.
Il existe une grande variété de travaux dans le champ de la prospective énergétique, relatifs à la disponibilité des ressources naturelles, à l'offre ou à la demande énergétique, au développement des technologies pour l'énergie, aux politiques publiques et choix de mix énergétique, au fonctionnement des systèmes énergétiques territoriaux, etc. On ne pourra s'intéresser à tous, mais tous doivent répondre à un certain nombre de caractéristiques pour être utiles.
D'une manière générale, on attend des travaux de prospective qu'ils éclairent les choix qui sont à faire, et non qu'ils se substituent au décideur. La première vertu d'un travail de prospective est donc de donner la main au décideur, en lui donnant une visibilité suffisante sur les hypothèses, limites et a priori dimensionnants de départ, sur le raisonnement et/ou les outils qui mènent aux conclusions. Les futurs que l'on décrit n'étant pas démontrables, c'est la traçabilité (donc la réfutabilité du raisonnement) qui est la condition première de crédibilité des résultats, donc de leur acceptabilité. Evaluer la capacité des processus mis en œuvre, et des outils utilisés, pour générer la confiance dans les prospectives énergétiques produites, est un des axes de réflexion de cet Atelier PROSPER.
L'éclairage apporté au décideur se situe dans deux registres différents. Le premier registre est qualitatif : il s'agit d'explorer la variété de ce qui peut advenir, d'ouvrir le regard sur un éventail de possibles souvent bien plus large que ne l'envisage la pensée courante. C'est dans ce registre que se situe la prise en compte des ruptures, des changements de paradigmes. L'aptitude des travaux de prospective actuels à s'échapper des modèles de pensée courants, à prendre en compte des changements possibles, à proposer d'autres approches des questions énergétiques, est aussi un volet de la réflexion de l'Atelier PROSPER.
Le second registre d'éclairage par la prospective est quantitatif : il vise à évaluer si une trajectoire envisageable est réalisable concrètement, par exemple s'il y a adéquation entre la disponibilité d'une ressource et l'usage que l'on serait amené à en faire. Cette prospective quantitative repose sur des modèles prévisionnistes, calés sur l'observation du passé. En matière de prospective énergétique, il convient donc d'avoir une compréhension de la capacité des modèles utilisés à délivrer des résultats crédibles : ces modèles sont-ils appropriés à l'usage que l'on en fait ? Reste-t-on dans leur champ de validité ? Quel est le niveau d'incertitude sur les résultats ? Ces questions sont bien sûr aussi au cœur de la préoccupation de crédibilité des résultats de la prospective, elles constituent également un volet de la réflexion de l'Atelier PROSPER.
Pour le Réseau PROSPER, ces différents volets d'analyse critique doivent aussi déboucher sur des propositions d'actions dans le champ de la recherche (quels travaux mener pour améliorer les performances de la prospective ?) ou des pratiques (comment améliorer l'implication et l'appropriation des parties prenantes ?).