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Quel regard des Français sur la science, l’expertise et les experts ? Marie-Hélène EL JAMMAL apporte les réponses du Baromètre IRSN sur la perception des risques et la sécurité

Depuis une douzaine d'années, le baromètre IRSN suit l'évolution des attitudes et des opinions du grand public sur les risques et la sécurité. Le Réseau PROSPER était plus particulièrement intéressé par la partie du baromètre consacrée au regard des Français sur la science, l’expertise et les experts, dans une vision prospective.

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Quelques éléments de la présentation de Marie-Hélène EL JAMMAL en réunion plénière du Réseau PROSPER du 22 février 2017 :

 

Le baromètre IRSN sur la perception des risques et la sécurité est une étude de long terme portant sur l’évolution de l’opinion publique. Il prend en compte les différentes facettes du nucléaire, mesure les attentes des Français en matière de gouvernance des risques (transparence, diffusion des informations,..), et surtout met en perspective les résultats dans le temps et par rapport à d’autres préoccupations ou d’autres risques.

Le cœur méthodologique est constitué d’une part d’un questionnaire aux évolutions maîtrisées, comportant un tronc commun pour assurer un suivi longitudinal et des questions spécifiques en lien avec l’actualité, d’autre part d’entretiens individuels réalisés toujours au même moment de l’année, en face à face au domicile des 1000 personnes interrogées, qui constituent un échantillon représentatif de la population française selon la méthode des quotas. L’entretien commence toujours par un questionnement sur ce qui préoccupe le plus la personne interrogée à l’instant présent, pour bien établir le contact.

A partir des réponses issues des entretiens, l’étude se déroule en quatre étapes : repérer les grandes tendances, positionner les résultats dans leur contexte, les confronter à d’autres études ou sondages, enfin formuler des hypothèses en réponse à un certain nombre de questions telles que : Existe-t-il un lien entre insécurité économique et sentiment d’insécurité ? Quel impact de l’évolution de la structure des âges sur les résultats ? Pense-t-on d’abord l’industrie en termes d’emplois plutôt que de risques ? Les Français sont-ils moins vigilants face aux risques industriels en temps de crise ?

Concernant plus particulièrement la partie du baromètre consacrée au regard des Français sur la science, l’expertise et les experts, trois interrogations peuvent ainsi être éclairées, afin de déterminer s’il s’agit d’hypothèses fondées ou au contraire de stéréotypes persistants.

►   Le public est-il irrationnel ? A-t-il peur de tout ?

Le questionnement porte sur le niveau de risque perçu dans 25 domaines, allant de situations largement médiatisées (les accidents de la route, le tabac, l’alcool...) à d’autres peu connues par le public (le radon dans les habitations) ou encore d’autres perçues comme comportant peu de risque (les radiographies médicales, le bruit...). Les réponses sont ensuite comparées à celles de « sachants ». Mis à part quelques sous-évaluations (accidents domestiques, bruit) ou surévaluations (Tchernobyl, déchets radioactifs), la hiérarchisation des risques par le public est assez proche de celle des « sachants », montrant qu’il n’est pas aussi irrationnel que cela.

►   La confiance dans la science chute-t-elle ?

Questionnées sur leur niveau de confiance dans la science, 80% des personnes interrogées répondent qu’elles font plus ou autant confiance à la science qu’il y a une dizaine d’années. 40% d’entre elles sont d’accord pour dire que le développement de la science et des technologies génère plus de bénéfices que d'effets néfastes. 40% également sont contre l’idée que le développement de la science et des technologies crée plus de risques qu'il n'en supprime. Ainsi, les Français sont partagés sur l’impact de la science entre avantages et inconvénients, mais ils restent plus nombreux à en percevoir les bénéfices. Près de la moitié des personnes interrogées n’ont ni bonne ni mauvaise opinion des experts scientifiques, mais pour ceux qui exprime une opinion, près de neuf personnes sur dix ont une bonne ou très bonne opinion, montrant ainsi que les experts jouissent d’une image positive qui reste assez stable depuis une vingtaine d’années. Pour ce qui concerne spécifiquement différents types d’intervenants (élus, associations de consommateurs, médecins, agences publiques…) sur les questions nucléaires, leur compétence sur le sujet est d’autant moins reconnue que l’on s’éloigne du scientifique, et le crédit accordé à l’information d’autant plus élevé que l’intervenant est proche. Au final, on observe que la confiance dans la science et l’image des experts sont bonnes mais qu’une part grandissante de la population française, sans devenir méfiante, garde une certaine réserve à ce sujet. Ceci conduit à formuler une nouvelle hypothèse, portant sur l’émergence d’une critique de la technocratie et du pilotage des vies par la technique.

►   Les citoyens sont-ils incultes ?

Autrement dit, faut-il mener une vaste entreprise de diffusion de l’information scientifique et technique pour ouvrir le public aux progrès apportés par la science et la technologie, et ainsi contenir les penchants irrationnels et anti-sciences de la société ? C’est évidemment la perception de ce qu’est le progrès et de ce qu’il apporte qui est au cœur de la problématique : qui en profite, quels en sont les risques et les bénéfices, quel impact sur les générations futures, etc. ? On quitte le champ des connaissances pour celui des valeurs. La réponse ne peut plus être l’information, la communication, l’apport de connaissances mais celle de nouvelles formes de relations avec le public. En matière d’information, l’enquête montre d’abord que les Français attendent de la transparence de la part des experts scientifiques, que ce soit dans la mise à disposition d’une information compréhensible ou dans la présentation des points de désaccord. En matière de partage des informations, ils adhèrent à l’idée que les décideurs politiques ne s’appuient pas assez sur les experts, mais récusent l’idée que les avis des experts ne peuvent pas être compris par le public. Pour ce qui est de s’occuper des situations à risques, les structures pluralistes sont plébiscitées : neuf Français sur dix se montrent favorables à l’idée d’une solution mixte et pluraliste, notamment pour mieux identifier les risques. Si ce soutien tend à décliner depuis les sept dernières années, les Français ne semblent pas disposés à relâcher leurs exigences dans ce domaine.

 

Ainsi, au final, le Baromètre IRSN contredit les idées :

  • d’une crainte généralisée des risques,
  • que le public est ignorant,
  • d’une crise de confiance dans la science, les chercheurs et les experts.

Le Baromètre IRSN confirme aussi que les Français veulent être impliqués dans le contrôle des risques.

Tous les résultats sont en ligne, consultables à l’adresse http://barometre.irsn.fr.